Traitements rhumato et pandémie
En cette période de pandémie à COVID-19, l’utilisation des certains traitements prescrits en rhumatologie pose question chez les patients porteurs de maladies chroniques ou chez ceux devant bénéficier d’une simple infiltration cortisonée. Quelques éléments de réponse sont désormais disponibles sur les sites internet d’organismes de tutelle ou de sociétés savantes et aident à se faire une idée.
Le 14 Mars 2020, une alerte de la Direction Générale de la Santé soulignait la possibilité de formes graves d’infection respiratoire chez les patients infectés au COVID-19 ayant consommé des anti-inflammatoires (et notamment de l’Ibuprofène dans le contexte fébrile de la maladie, ndlr).
Le 19 Mars 2020, la Société Britannique d’Imagerie Squelettique (BSSR) faisait les constats suivants concernant l’utilisation des corticoïdes injectables à visée intra-articulaire, péritendineuse et périneurale (triamcinolone acétonide, méthylprednisolone acetate, dexamethasone et bétamethasone) :
- ces produits ont un effet transitoire sur l’immunité et l’axe corticotrope,
- ces produits sont majoritairement utilisés chez des sujets vieillissants, représentant le groupe à risque de forme grave d’infection à COVID-19,
- le déplacement de ces sujets nécessaire à l’acte d’infiltration lève, en période épidémique, leur confinement et les expose au risque d’infection.
Par conséquent, cette société recommande désormais de ne plus pratiquer ce type de geste dans la période actuelle sauf cas rares et après concertation de l’équipe soignante.
Le 21 Mars 2020, la Société Française de Rhumatologie publiait une version actualisée d’une page donnant “réponses aux patients qui posent des questions sur le risque que constitue leur traitement face au COVID-19”. Dans les grandes lignes on retiendra que :
- les patients suivant un traitement immuno-suppresseur peuvent bénéficier d’un arrêt de travail facilitant leur confinement,
- en l’absence de signes d’infection à COVID-19 : le traitement peut être maintenu en privilégiant le paracétamol aux AINS lorsque l’état clinique le permet,
- en présence de signes d’infection à COVID-19 (fièvre, toux, essoufflement, douleurs musculaires) : le traitement de fond, incluant les AINS, doit être arrêté sauf s’il s’agit de corticoïdes ou d’hydroxychloroquine et ce avant discussion avec son médecin rhumatologue.
- la question des corticoïdes injectables n’est pas abordée dans ce document.
Fin Mars 2020, la Société d’Imagerie Musculo-Squelettique publiait une recommandation invitant à limiter les indications d’infiltration (dans un but de confinement des patients et de limitation du risque lié aux produits cortisonés) en ne pratiquant ces gestes qu’après concertation avec le médecin demandeur.
En outre cette société invitait, plus largement, à réduire les indications des échographies diagnostiques aux seules situations urgentes suivantes:
- la recherche d’un processus infectieux et, le cas échéant, sa ponction diagnostique,
- la recherche d’une tumeur maligne et, le cas échéant, sa biopsie diagnostique.
En vertu des recommandations actuelles et pour réduire le risque de contamination des opérateurs, la SIMS rappellait enfin la nécessité de substituer les échographies par d’autres modalités d’imagerie dans la mesure du possible.
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