Connaissez-vous la « réparation » du ligament croisé antérieur ?
Abandonnée dans les années 1980’s au profit de la « reconstruction » de type DIDT ou Kenneth-Jones, la « réparation » du ligament croisé antérieur revient en force et pourrait intéresser jusqu’à quarante pour cent des ruptures. Le Dr Clément Mehier nous en dit plus sur cette technique et la place que pourrait tenir le radiologue dans la sélection des patients éligibles.
Il semble qu’un changement de paradigme s’opère sur la prise en charge des ruptures du ligament croisé antérieur. En quelques mots, quelles en sont les grandes lignes ?
En cas des ruptures du ligament croisé antérieur, en raison de la faible capacité de cicatrisation supposée du ligament, la « reconstruction » chirurgicale est devenue la norme pour restaurer la stabilité du genou lésé. Elle utilise une plastie ligamentaire par greffe tendineuse qu’elle provienne du tendon patellaire ou des ischio-jambiers.
Depuis quelques années, par opposition à cette reconstruction et sous l’impulsion de chirurgiens américains, une technique de « réparation » prend de plus en plus de place dans l’algorithme de prise en charge de ces ruptures du LCA. Il ne s’agit plus de remplacer le ligament lésé par une plastie mais de le suturer afin de lui permettre de récupérer une capacité mécanique fonctionnelle.
Initialement proposée dans les années 70 et 80, cette technique avait été abandonnée. Pourquoi un tel retour en force récent ?
Les avantages théoriques de la réparation du LCA sont nombreux. On peut notamment citer la préservation de la proprioception, la réduction des complications et la préservation des sites de greffe tendineuse.
Par ailleurs, les progrès chirurgicaux sont considérables : alors que les réparations se faisaient à ciel ouvert avec des protocoles de rééducation très stricts sur le plan de l’immobilisation, les réparations actuelles se font sous arthroscopie avec des protocoles de rééducation plus « dynamiques ».
Enfin, et surtout, il s’avère que cette technique de réparation ne peut s’adresser à tous les patients : seules les lésions proximales avec une qualité résiduelle suffisante du ligament restant peuvent être traitées par réparation avec un résultat fonctionnel satisfaisant.
Quelle est donc la place de l’imagerie dans la sélection des patients ?
C’est tout l’enjeu du travail que nous avons mené avec le Dr Najihi, un des pionniers de cette technique en France.
Dès 1991, Sherman et al ont été les premiers à classer par arthroscopie les ruptures du LCA en fonction de la localisation et de la qualité du ligament restant : on les nomme communément « classifications de Sherman ».
Plus récemment, ces classifications arthroscopiques ont été reprises et développées par Di Felice et Van der List, qui les ont transposées à l’IRM.
Nous avons, dans cette petite série, proposé de simplifier ces classifications IRM pour favoriser leur utilisation en pratique quotidienne et évaluer leur performance diagnostique. À la lumière des résultats, il s’avère que l’IRM permet de sélectionner de manière performante les candidats potentiels à la réparation.
Légendes :
Figure de droite : Moignons distaux de qualité bonne (a et b), intermédiaire (c) ou mauvaise (d)
Figure de gauche : mesures des différents moignons permettant de juger la localisation exacte de la rupture dans la longueur du tendon
Le Dr Clément Méhier est assistant spécialiste en imagerie musculo-squelettique au CHU de Rennes.
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Découvrez tout ce qu’il faut retenir pour une pratique quotidienne de l’IRM du genou. Cette fiche a été crée par le Dr. Raphaël Guillin, médecin radiologue et fondateur d’IMOSTEO.
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