Ateliers d’interventionnel de la SIMS
Le vendredi 16 Décembre était organisé le premier atelier d’échographie interventionnelle de la SIMS dans plusieurs laboratoires d’anatomie dont celui de la Faculté de Médecine de Rennes. Cet événement a, malgré la grève de la SNCF, fait le plein avec 24 participants accompagnés de six moniteurs incluant Isabelle Ract, Mathieu Cabannes, Arnaud Deniel, Florent Garrigues, Antoine Marchand et Raphaël Guillin.
La journée s’est composée de quatre séquences dédiées aux procédures échoguidées au poignet, incluant la projection de tutoriels vidéos réalisés par les meilleurs experts français du sujet puis des séances de prise en main sur pièces anatomiques. L’emphase a été mise sur l’échange, les retours d’expérience des personnes présentes et, in fine, cette intelligence collective qui permet aux apprenants comme aux moniteurs de sortir enrichis d’un tel événement. En quelques lignes, voici les points forts retenus de nos échanges.
Infiltration du canal carpien (syndrome du canal carpien/ tutoriel réalisé par Thibaut Jacques)
Trois voies d’abord ont été discutées. Les deux premières étaient axiales et superficielles (médiale et latérale) tandis que la troisième était profonde, par voie latérale et sous le plan du tendon fléchisseur radial du carpe. Cette dernière a emporté la préférence du groupe compte tenu du fait que l’aiguille y reste à distance du nerf, limitant ainsi le risque de lésion directe tout en permettant, par injection de xylocaïne dans la gaine des tendons, d’inonder suffisamment le nerf avant d’injecter le produit cortisoné. L’attention a été attirée sur le fait que ce geste doit être le plus distal possible afin d’éviter que l’artère radiale ne soit sur le trajet de l’aiguille au sein de la gouttière du pouls.
Infiltration de l’articulation trapézo-métacarpienne (rhizarthrose/ tutoriel réalisé par Catherine Cyteval)
Si ce geste est fréquemment et facilement fait sous scopie, sa technique de réalisation sous échographie gagne à être connue. L’articulation s’aborde au mieux dans le plan sagittal et par voie distale dans l’axe du second rayon de la main. L’interligne était facilement reconnu sous la forme d’une “bouche de poisson” chère à Henri Guerini.
Infiltration des poulies A1 des doigts (doigt “à ressaut”/ tutoriel réalisé par Franck Lapègue)
En préambule au tutoriel vidéo, le groupe s’est accordé sur le fait que le caractère très superficiel des poulies aux doigts complique l’accès de l’aiguille du fait de la tangence du matériel requise par rapport à la peau. À cet égard deux artifices proposés par Franck Lapègue ont séduit l’assistance : plier l’aiguille, biseau vers le plafond, à plus de 45 degrés d’une part; utiliser un « gel pad », c’est à dire une épaisse couche de gel stérile à travers laquelle l’aiguille sera déjà visible avant même de passer la peau. Cette technique permet d’atteindre toute cible même superficielle et sans difficulté. La technique de libération de poulie a également été abordée, impliquant l’utilisation d’une aiguille de calibre 20 Gauges dont le biseau est cette fois orienté latéralement de sorte que son extrémité devient plus contondante pour la poulie. Ce geste mérite pour être réalisé avec succès un (très) grand nombre « d’aller-retours » si l’on en croit nos dissections de fin de procédure 😉
Infiltration du premier compartiment des extenseurs (ténosynovite de De Quervain/ tutoriel réalisé par Marie Faruch)
La possibilité d’un cloisonnement entre les deux tendons du premier compartiment des extenseurs, pouvant favoriser une “ténosynovite segmentaire”, a retenu l’attention des participants. Sur un plan technique, la place relative des voies axiales et sagittales a été discutée. Si la première est facile compte-tenu de la « rondeur » du poignet, un consensus s’est défini sur le fait que les branches sensitives du nerf radial sont souvent, de part et d’autre, sur le trajet de l’aiguille. La voie sagittale a, lors de nos discussions, semblé limiter ce risque tout en requérant, à l’égal du doigt à ressaut, de plier l’aiguille et d’utiliser un gel pad pour travailler dans de bonnes conditions. En cas de ténosynovite segmentaire en lien avec une cloison, le compartiment malade (souvent celui du court extenseur du pouce) doit être infiltré de façon sélective.
Infiltration de l’articulation piso-triquétrale (arthrose)
Ce geste est rarement réalisé. Cette articulation est néanmoins très facile d’accès par voie axiale et médiale en soulevant un peu le bord ulnaire du poignet ce qui expose l’interligne, sous le plan du pisiforme. Lors des ateliers, la présence sur la voie d’abord des ramifications de la branche cutanée dorsale du nerf ulnaire a été constatée. Elle mérite selon nous d’être repérée lors du geste afin d’être soigneusement évitée par l’aiguille.
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